Crédit photo : Camille Wodling
Après avoir été découvert par le grand public par le mythique duo Catherine et Liliane, Bruno Sanches est aujourd’hui présent dans maintes séries télévisées. Un acteur en développement, en irruption même, c’est ce que l’on a ressenti à travers cet échange avec Bruno Sanches. On vous laisse le (re)découvrir tout de suite !
YOUR MAGAZINE : Qu’est-ce qu’être comédien dans cette période actuelle ?
Bruno Sanches : C’est prendre son mal en patience. J’ai eu la chance de beaucoup travailler même si là c’est un peu plus calme. Ça ne me dérange pas beaucoup parce que j’ai des projets perso et ça me permet d’être un peu avec mes enfants. Je fais un peu comme tout le monde : je patiente, j’essaye de garder la pêche, d’être positif et d’attendre que ça passe.
YM : C’est parfois compliqué ?
BS : Oui c’est vrai mais après, moi, je suis en bonne santé, mes enfants, ma femme et ma famille aussi. Je suis assez optimiste même si je me doute que c’est compliqué pour d’autres. Je pense notamment aux restaurateurs, c’est très dur.
YM : On vous a découvert dans Catherine et Liliane, est-ce que ce duo vous manque ?
BS : Il me manque, oui mais c’est un duo qui a existé puis on les a laissé. Elles sont parties à la retraite, elles font le tour du monde, parties en voyage, elles s’amusent. Oui ça nous manque, comme toutes bonnes choses peuvent nous manquer. Avec Alex, on s’en rappelle toujours. Quand on est ensemble ça nous arrive de faire les voix parce qu’elles font quand même partie de nous. Mais il fallait que ça s’arrête, c’est bien d’avoir posé les perruques.
YM : Vous êtes aujourd’hui dans trois séries télévisées : HPI, Je te promets, 30 Vies ; une préférence quant aux rôles ?
BS : Non parce qu’il s’agit de trois rôles très différents. J’aime particulièrement Je te promets parce que ça parle de la famille et que ça me touche un peu plus. J’aime beaucoup le personnage de José. Pour HPI, c’était très fun de tourner avec Audrey Fleurot, c’était un peu plus léger. Après pour 30 vies, j’ai adoré ce personnage très haut en couleurs, assez lumineux. J’espère qu’il sera plus développé. C’était un plaisir de faire les trois.
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YM : Le lundi 1er février, c’était la première de Je te promets. Qu’en avez-vous pensé ?
BS : J’ai eu la chance de les regarder en avance, heureusement car je n’ai pas la télé à la maison (rires). Je crois que ça a plu, je suis content. Les retours sont plutôt cools, ça fait plaisir.
YM : Dans Je te promets, vous partagez le rôle avec d’autres acteurs, entre 3 tranches d’âge.
BS : Exactement, ça commence en 1970. Ça continue dans les années 80 et puis on termine en 1998.
YM : Comment faites-vous et travaillez-vous avec ce partage du rôle ?
BS : Je me suis pas mal inspiré du vécu de mes parents, c’est la période où ils ont immigré au Portugal et puis de moi-même puisque les années 80-90 c’est ma génération. Autrement, on en parlait entre nous et avec Hugo Becker aussi. On se demandait comment faire évoluer les personnages à ces différentes époques.
YM : Et plus généralement, comment vous vous préparez à un rôle ?
BS : Il y a des rôles qui viennent à vous. Les essayages costumes m’apportent beaucoup pour le personnage. Les vêtements ont une certaine âme, ils nous indiquent pas mal de chose sur le personnage. Le revêtir me permet vraiment de voir comment mon personnage bouge…
YM : Ça vous permet de réellement rentrer dedans ?
BS : Ouais, exactement. Après, on essaye d’avoir toujours une empathie pour le personnage, d’y mettre de nous au service du personnage. Pour le coup, quand j’ai fait les essayages pour José (Je te promets), ça m’a tout de suite plongé dans l’énergie du personnage. Je me suis raconté une histoire. Peut-être que José était issu d’une première vague d’immigration portugaise. J’ai beaucoup puisé dans l’énergie des photos de mon enfance pour créer le personnage. On fait un peu tous notre petite tambouille.
YM : Alors, justement, comment choisissez-vous vos rôles ?
BS : Il faut qu’il y ait une humanité qui me parle, quelque chose à laquelle je puisse m’attacher, qui me touche. C’est surtout me demander si je peux le faire car on ne peut pas toujours tout jouer. Il faut que je puisse rentrer dedans.
YM : Il faut que ça vous parle…
BS : Oui, que je me dise : j’ai très envie de défendre ce « mec ». Pour l’instant j’ai de la chance. Je pense qu’on attire toujours ce qu’on a envie d’attirer. J’espère qu’il y aura toujours de jolis rôles à prendre.
YM : Et vous auriez une envie particulière prochainement ?
BS : J’aimerai bien jouer un méchant ! Je n’en ai jamais joué, un vrai méchant. J’aimerai bien aller à l’opposé de ma sensibilité, ça pourrait être intéressant.
YM : Et une collaboration ?
BS : Je ne pense jamais trop à ça mais il y a deux réalisatrices avec lesquelles j’aimerais travailler. Rachel Lang et Jessica Palud. J’aime beaucoup leur vision du monde à travers leur travail. En tant qu’acteur, j’aimerais bien retrouver Pio Marmaï. On s’était croisés dans Santa de Chabat, j’aime beaucoup cet acteur.
YM : Si vous deviez réinterpréter un rôle déjà joué ?
BS : J’adorerais le Cyrano de Depardieu, il m’a beaucoup marqué.
YM : Pourquoi ?
BS : Je trouve que Cyrano est un personnage fantastique. C’est une espèce de super héros pour moi, une sorte de « Batman ». Il nous touche avec son courage, son humanité, sa poésie. Aussi parce que Depardieu l’a merveilleusement bien interprété.
YM : Avec ce personnage il y a aussi cette ambivalence entre théâtre et cinéma.
BS : Oui en plus. Clairement ! Rappeneau l’a vraiment bien amené à l’écran. Cyrano est une grande difficulté, un vrai défi. Le rôle puise beaucoup d’énergie, c’est incroyable. C’est quand même une montagne à gravir. Une fois arrivé au sommet il doit y avoir une vue fantastique. Après avoir joué ça, on peut tout faire.
YM : Une fois cette crise sanitaire terminée, va-t-on vous retrouver sur les planches ?
BS : J’aimerai beaucoup. J’ai un projet de seul en scène écrit par Nicolas Roux qui devrait voir le jour. Il l’a mis en forme. Les planches me manquent. C’est génial de retrouver le public, d’avoir tout de suite une prise de température. C’est excitant. Ça me manque en tant que spectateur et en tant qu’acteur. Ce sont des moments d’évasion qui feraient beaucoup de bien en cette période mais malheureusement on ne sait pas pourquoi on ne les ouvre pas. Il doit surement y avoir une bonne raison. On aimerait bien la comprendre (rires), qu’on nous l’explique de manière mathématique.
C’est vraiment dur de ne pas avoir accès à la culture. C’est compliqué. Même si c’est un peu plus équitable avec la fermeture des grands magasins. C’est un peu plus justifié. On verra. Je pense qu’on arrive quand même sur la fin. Espérons que ça finisse comme un mauvais rhume.
YM : Dans quels lieux culturels irez-vous une fois tout cela terminé ?
BS : Je ne vous cache pas qu’un petit concert ça me ferait bien kiffer ! j’aimerais bien aller au Vieux-Colombier aussi, j’adore ce lieu. Il a été rénové il n’y a pas si longtemps. Y aller sur un coup de tête ça me manque vraiment.
YM : Est-ce que vous avez un souvenir mémorable de tournage à nous partager ?
BS : Le Talent de mes amis, c’était le premier film d’Alex Lutz. Il n’y avait que des copains sur ce film. C’était génial. Un fantastique moment. On a passé deux mois hors du temps, déconnectés. J’ai hâte qu’on puisse refaire quelque chose de semblable.
YM : Un dernier mot ?
BS : Je souhaite le meilleur pour le monde et l’humanité. J’espère que tout ça va nous élever à quelque chose de plus soudé et de plus ensemble.
Merci à vous Bruno Sanches !